L’idée de ce projet m’est venue lors d’une scéance d’enregistrement. En effet, certaines de mes pédales d’effet font beaucoup de bruit de fond, des anciennes pédales d’effet comme la PDS8000 de Digitech. Pour remédier à ce problème j’aurai certes pu mettre un noise gate derrière. Quand le son est bien synthétique et trituré pourquoi pas, mais je ne suis pas fan des noise gate quand mon son est clean. Du coup, lors de la scéance studio j’utilisais les pédales bruiteuses quand j’en avais besoin et je les enlevais sinon, c’était un peu pénible mais faisable… Mais le plus gros problème, c’est que je ne pouvais pas faire ça en plein morceau et vu que je j’aime improviser je ne peux pas toujours prévoir. Je me suis donc dit que ça serait bien si j’avais dans mon attirail un circuit qui me permette en un mouvement de main de bypasser ces pédales là. Sans plop dû à l’activation du circuit bien sûr. C’est de là que m’est venue l’idée de me fabriquer mon splitter-mixer et j’ai eu grande envie de partager cet outil avec vous !
Sommaire
1 Intérêt et motivations
Comme dit plus haut, ce que je veux, c’est pouvoir changer mon setup de pédales super rapidement et sans plop (le son que font parfois les pédales quand on les enclenche). Donc trouver le circuit adéquat, l’adapter si besoin et le monter moi-même bien sûr !
Un autre aspect qui m’a poussé à fabriquer cet engin est que j’ai certaines pédales d’effet que je met au sol (pédale de fuzz et pédale de volume) et d’autres pédales à hauteur de main pour faire des effets chelous (Tensor, etc…). Et bien croyez-le ou non, mais le rajout d’un câble de quelques mètres pour relier ces 2 sous-groupes de pédales provoque un tone-sucking (comme on dit dans le jargon) bien notable.
Cela signifie que je perds beaucoup d’aigus et ça s’entend bien en fin de chaîne, dans l’ampli de guitare.
Et ça c’est vraiment pas cool. Donc soit je garde toutes mes pédales par terre, soit en haut, soit je me fabrique un buffer pour remédier au problème de pertes d’aigus. Et bien ça tombe bien parce que le splitter-mixer c’est des buffers à tout bout de champ. On va voir ça dans un instant.
1.1 Diagramme de principe
Voici un diagramme qui résume l’idée derrière le splitter-mixer :
Le set de pédales 1 est le set que je met par terre : fuzz, pédale de volume essentiellement. Puis le signal va vers le splitter, il se sépare en 2. L’un va vers le mixer et l’autre passe par le set de pédale 2 placé à hauteur de main. Puis il se dirige lui aussi vers le mixer.
Et avec un potentiomètre on va choisir quelle proportion de signal 1 et de signal 2 on veut. Dans cette configuration, on a donc un blender, un circuit qui mixe la quantité de signal du set 2 qui s’ajoute à mon son de base défini par le set 1.
Afin d’augmenter les possibilitées ofertes par un tel circuit, je l’ai doté de 2 connexions Send/Return :
Dans mon cas, je branche donc la guitare au set 1 qui va sur IN. Je branche le set 2 sur un couple send/return, par exemple le 1er. Et je relie l’autre couple send/return par un câble. Mon mixer va faire le mix entre le signal qui vient de return 1 et celui qui vient de return 2.
1.2 Autres applications
D’autres applications musicales et/ou techniques du splitter-mixer :
- Avoir 1 set de pédales sur chacun des send/return et faire le mix entre les 2 en temps réel,
- Avoir 2 loopers (genre le Ditto ou RC-1) sur chacun des send/return, enregistrer des boucles en temps réel et passer d’une boucle à l’autre avec un effet de fade
- Je pense qu’on peut aussi l’utiliser comme une pédale ABY dans les 2 sens, en utilisant soit les Sends, soit les Returns. Je n’exclue cependant pas des problèmes de ground loop dans le cas ABY vers 2 amplis.
- Faire un test comparatif de 2 pédales,
- Rendre un set de pédales true-bypass,
- …
Les 2 dernières application je les ai lues aussi chez JHS, célèbre marque qui ont une pédale qui permet de faire ce que je montre ici, mais 1) il n’y a pas de potentiomètre de mix et 2) faut se la payer !
2 Schématique du Splitter-mixer
2.1 Bibliographie
Je ne l’ai pas inventé de toute pièce, en fait il y a beaucoup de schémas proposés sur internet. Celui de AMZFX [1] repose sur l’utilisation de JFETs pour faire tampon (buffer), celui de Run Of Groove [2] utilise des amplificateurs opérationnels (AO ou AOP).
Mon choix s’est plutôt porté sur ce dernier, c’est-à-dire d’utiliser des AOP pour splitter le son de manière correcte. On utilise les AOP en configuration buffer, ils permettent d’isoler les différentes sections du circuit.
Cependant, pour le mixer (qu’ils appelent Blender), je ne suis pas trop séduit car leur mixer ne permet pas d’obtenir 100% de l’un ou de l’autre canal Send/Return. On a toujours un peu des 2 même avec le potentiomètre à fond.
J’ai préféré utiliser pour le mix un circuit que j’ai déjà utilisé sur ce blog pour la fabrication d’une réverbe. Dans ce projet, ce circuit me permet d’obtenir 100% du son réverbéré (voir ici pour plus de détails).
Ce circuit de mix vient du site Geofex [3].
2.2 Schématique du splitter-mixer FTEG
Voici donc la schématique de mon splitter-mixer. J’ai dû adapter quelques valeurs de composants et surtout modifier le circuit du mixer pour avoir l’AOP en alimentation simple :
2.3 Fonctionnement
Le principe de fonctionnement est assez simple. Le signal de la guitare rentre en IN. Il se sépare en 2 après le condensateur de liaison de 100 nF. Puis le signal passe par 2 buffers. Cela permet d’isoler les circuits entre-eux, donc ce qui vient avant le buffer et ce qui vient après.
En raison de leur très grande impédance d’entrée, les buffers permettent également de conserver les aigus dans le son, ce qui devient nécessaire lorsqu’on commence à avoir beaucoup de pédales et surtout beaucoup de longueur de câble (lire par exemple cet article).
Après Send 1 et Send 2, on envoie le signal de la guitare vers le(s) set(s) de pédales de notre choix. Puis on connecte le(s) set(s) de pédales vers Return 1 et Return 2.
Tout le circuit suivant constitue le mixer, qui permet de mixer entre soit 100% du canal 1, soit 100% du canal 2, soit quelque chose entre les 2. J’explique cette portion du circuit ici.
Le circuit du bas est l’alimentation qui fournit soit 9V, soit 4,5V par un pont diviseur de tension. La tension de 4,5V permet de faire fonctionner les AOP en alimentation simple.
3 Perfboard du Splitter-mixer
Voici le perfboard que j’ai dessiné pour fabriquer la bestiole :
Pour les entrées/sorties vers le perfboard, notées IN, OUT, 9V, GND, S1, S2, R1 et R2, j’utilise des supports tulipe. Ça facilite grandement l’étape du câblage dans le boîtier car il n’y a plus à souder ces câbles au perfboard !
S1 et R1 sont pour le premier canal Send/Return, S2 et R2 sont pour le second.
Au milieu, on voit les entrées pour connecter le potentiomètre de mix (les broches 1 et 3 sont indiquées).
Si vous lisez souvent ce blog vous saurez comment utiliser ce perfboard, pas la peine que je détaille donc ! Vous trouverez aussi la méthode à suivre pas-à-pas dans mes cours et formations.
Voyons le résultat en photos dans la section suivante !
4 Quelques photos
5 Conclusion
Voilà pour ce petit projet. Je ne suis pas entré dans le détail théorique du fonctionnement du circuit, je vous ai laissé des liens tout au long de l’article si vous voulez aller plus loin. Dans les références ci-après vous trouverez les schémas sur lesquels je me suis appuyé.
Étant assez maniaque sur le son et jamais content, ben du coup je pense que j’ai là un petit outil bien utile, que j’ai déjà pu essayer en groupe et sur scène. Après c’est un peu plus relou à monter-démonter à chaque fois, donc ça va dépendre du projet musical bien sûr. Une prochaine fois je vous montre comment je l’utilise en vidéo.
Si l’article vous a plu n’hésitez pas à le partager (sur Facebook ou ailleurs), merci !!
Références
[1] http://www.muzique.com/lab/splitter.htm
[2] http://www.runoffgroove.com/splitter-blend.html
[3] http://www.geofex.com/Article_Folders/panner.pdf
Intéressant, mais comment faire pour ajouter un inverseur de phase sur l’un des retours ?
Bonjour,
vous pouvez par exemple mettre un amplificateur opérationnel en montage inverseur pour inverser la phase avec des résistances d’égale valeur pour que le gain soit de 1. Par exemple sur le return 2, avant le condensateur de 220 nF.
Bonne continuation!
Ah d’accord, tout simplement ! Effectivement, je n’avais pas assez bien regardé les photos suivantes, tellement focalisé sur mon questionnement à propos de ce trimpot 🙂
Oui je trouve toujours cela intéressant tes petits montages, je me le garde sous le coude celui-là…
Et encore merci pour ton dévouement à partager tes recherches et créations !
Merci pour ton intérêt ! ☺️
Salut Olivier, intéressant tout ça !! Je ne pense pas en avoir besoin dans l’immédiat mais les applications d’un tel dispositif offre pourraient être utiles.
Je vois sur les photos que tu as monté un trimpot que je ne vois pas dans le schéma ni sur le plan du perfboard; il remplace quelle résistance?
Bonjour Gauthier,
content que l’article t’intéresse !
Tu as raisons, j’ai mis un trimpot, c’est en fait le potentiomètre de mix (celui entre les résistances de 15k). Au moment de tester si le perfboard est bien soudé j’ai fait mes tests avec ce trimpot plutôt qu’avec un potentiomètre.
Sur les photos suivantes le trimpot a disparu d’ailleurs, je l’ai remplacé par le potentiomètre.
Merci pour ton intérêt !